top of page
Photo du rédacteurMalory Le Poittevin

Accompagnement d'Yves

Cette illustration est issue de mon expérience actuelle au sein de mon entreprise individuelle, en tant qu’éducatrice spécialisée indépendante. Afin de préserver l’identité des personnes citées et dans un souci de confidentialité, les noms ou prénoms de celles-ci ont été modifiés.

Pour comprendre le contexte, je souhaite préciser que je propose deux formes d’accompagnement centrés sur les besoins de la personne :

  • Un accompagnement éducatif où le développement et/ou le maintien de capacités de la personne sont au centre du travail que l’on mène ensemble. Ma mission dans ce cadre est de favoriser l’autonomie et/ou l’intégration de celle-ci.

  • Un autre accompagnement nommé « occupationnel » peut prendre la forme d’un relais éducatif par exemple. Il est centré sur des activités « plaisir », avec une expertise éducative propre à mon expérience professionnelle.


Aujourd’hui, je souhaite vous présenter Yves à qui j’ai proposé ces séances occupationnelles…


Yves est un homme d’âge mûr accueilli en maison de retraite. Il vit en collectivité mais se sent seul depuis le décès de son petit frère l’an dernier. Il n’a pas de descendance, il n’a plus de famille et pas de proches lui rendant visite.

Enfermé dans un corps vieillissant, rigidifié par le temps, il ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant dit « confort » ou en brancard car sa posture ne peut qu’être allongée. Il est dépendant pour l’intégralité des actes de la vie quotidienne, il boit à l’aide d’une paille et ne peut plus manger de nourriture en morceaux. Conscient de son état, il pense qu’il n’y a plus qu’à attendre la fin.

L’équipe soignante de la maison de retraite fait ce qu’elle peut pour rendre son quotidien agréable mais les résidents sont nombreux, les demandes sont importantes et  d’après moi, les moyens humains sont insuffisants pour répondre à l’ensemble des besoins…


Yves bénéficie d’une mesure de protection, dans le cas présent il s’agit d’une tutelle gérée par une mandataire judiciaire inquiète pour ce vieux monsieur, qui dans son jeune temps aimait se lever le matin pour se rendre au travail, se balader à vélo dans les rues de Cherbourg, lire les gazettes du coin, confectionner des maquettes de bateaux, et j’en passe. Il n’est sorti de cette maison de retraite que pour des raisons de santé, accompagné par des ambulanciers.

C’est dans ce contexte que cette professionnelle - la mandataire judiciaire - s’est adressée à moi. Lors de notre première rencontre tous les trois, je me suis présenté, j’ai expliqué mon travail et exposé ce qu’il était possible de faire… Yves était partant mais incrédule. Personne ne s’était risqué à le faire sortir dehors juste pour le plaisir depuis des années, pour lui c’est quelque chose de trop compliqué et il ne veut pas déranger ou gêner.


Depuis cette première rencontre, nous sommes sorties de nombreuses fois… Je me promène avec lui en poussant son fauteuil dans le quartier juste comme ça. Pour sentir les rayons du soleil sur sa peau ou être caressé par le vent Cherbourgeois, comme il aime à me dire. On sort aussi pour boire un verre dans des troquets, observer les joueurs de pétanque et faire des rencontres. Nous sommes allés voir un spectacle de théâtre et nous prévoyons de manger au restaurant à la période de Noël comme il avait l’habitude de le faire avec son frère. Cela demande de l’organisation, des adaptations spécifiques, et des échanges préalables avec les différents prestataires (restaurateurs, transporteurs,…) mais c’est mon travail. Mon travail d’éduc’ auprès d’Yves, c’est qu’il passe des moments agréables et qu’il continue à sentir le vent sur son visage.



127 vues0 commentaire

Comentarios


bottom of page