Le jeu comme support éducatif
- Malory Le Poittevin
- 5 avr. 2024
- 2 min de lecture
Historiquement, la notion de jeu a évolué au cours du temps. En effet, dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert paru en 1951 le jeu désigne « toutes les occupations frivoles (…) mais qui entraînent quelquefois aussi la perte de la fortune et de l’honneur. » Le jeu, à cette époque, à mauvaise réputation, et il est opposé au travail.
Plus tard, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, les mentalités changent. Grâce aux travaux de Sigmund Freud et de Donald Winnicott, le jeu n’est plus perçu comme une activité futile mais comme importante dans le développement de l’enfant.
Aussi, l’historien Johann Huizinga dans Homo Ludens ou le sociologue Roger Caillois dans Les jeux et les hommes, vont plus loin et partage l’idée que le jeu est important dans le développement de la civilisation.
Aussi, des catégories de jeu sont créées :
les jeux de compétition comme les échecs ou un match de football
les jeux de hasard comme ceux de la loterie
les jeux d’imitation, d’incarnation appelé aussi jeux de rôle comme jouer au maître ou à la maîtresse.
les jeux qui déstabilisent les sens et la perception comme les manèges ou les balançoires par exemple.
Cinq caractéristiques du jeu sont identifiées par Gilles Brougère : il est cadré par des règles du jeu, les participants sont libres d’y jouer, la fin est incertaine, les jeux sont du « faire-semblant » ou second degré, et ils sont improductifs ou frivoles c’est à dire qu’ils n’ont pas de conséquences sur la vie réelle qu’on soit gagnant ou perdant.
Le philosophe, Friedrich Nietzsche disait :
« Nous croyons que les contes et les jeux appartiennent à l’enfance, myopes que nous sommes ! Comment pourrions-nous vivre, à n’importe quel âge de la vie, sans contes et sans jeux ! Il est vrai que nous donnons d’autres noms à tout cela et que nous l’envisageons autrement, mais c’est précisément une preuve que c’est la même chose ! Car l’enfant, lui aussi, considère son jeu comme un travail et le conte comme la vérité ».
Si l’on peut considérer le jeu comme un travail, alors le terme de ludopédagogie semble correspondre. Elle désigne l’expérience de l’apprentissage par le jeu.
En tant qu’éducatrice spécialisée, je m’appuie sur les besoins et les envies des personnes qui s’adressent à moi. Le plus souvent, elles souhaitent rendre leur vie meilleure en développant leur autonomie ou en améliorant leur insertion dans la société.
Le jeu peut être un outil éducatif pour y parvenir. Je recherche évidemment l’adhésion et l’engagement des participants qui semblent plus facile à obtenir lorsque l’activité est ludique et divertissante.
La ludopédagogie s’inscrit dans cette dynamique. C’est la fusion entre la pédagogie et le loisir, c’est apprendre en s’amusant.
Dans le cadre d’accompagnement éducatif, je peux proposer des séances collectives pour travailler, par exemple, autour de compétences psychosociales :
améliorer la communication,
connaître et savoir identifier les émotions,
développer sa confiance en soi,
prendre des décisions,
…
Ce sont des objectifs de travail qui peuvent être communs à différentes personnes que j’accompagne. Le jeu est l’occasion pour elles de se mettre en situation, sans danger, et de développer des stratégies d’adaptations.
Ensuite, ces apprentissages et ces stratégies peuvent être progressivement utilisés dans la vie quotidienne, sociale ou professionnelle.

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