C’est une question qui m’est souvent posée.
Dominique Lepage, éducatrice spécialisée de formation initiale et formatrice, y répond dans son article « De l’émergence de la fonction éducative au métier d’éducateur spécialisé, un regard historique » (Empan, 2017).
Mme Lepage explique que l’éducation est un acte naturel pour l’être humain. L’autre, même s’il est différent, « nécessiteux », « infirme » ou « déviant », est reconnu comme un « prochain », un « alter ego ». Cette altérité est, sans nul doute pour moi, associée à l’engagement d’un éducateur dans une relation d’aide.
Pour autant, très tôt, une distinction est faite entre les enfants qualifiés avec des termes clivants qu’il est nécessaire de remettre dans son contexte historique. Jean-Jacques Rousseau différencie donc les enfants nommés « futurs citoyens utiles » et les autres « concitoyens malheureux ». Les institutions se séparent donc en s’appuyant sur cette distinction. D’un côté, on retrouve l’éducation nationale et de l’autre ce qu’on appelle aujourd’hui l’éducation spécialisée. Elle est donc nommée « spécialisée », « en référence au caractère distinctif des publics concernés » d’où le nom de ce métier d’éducateur spécialisé.
Mme Lepage va plus loin en développant l’histoire de ce métier en France. L’éducation spécialisée est traversé par différents modèles au fil des siècles. Elle décline le modèle dit « assistanciel » au Moyen-Âge fondé sur la charité et l’altruisme, puis « disciplinaire » au 18ème siècle avec différentes formes d’enfermement, « caritatif » au 19ème siècle avec la création de bonnes oeuvres à fond privé ; et pour finir par un « modèle technicien » depuis les années 60. Ce dernier s’inscrit dans un processus de professionnalisation né à la fin de la 2nd Guerre Mondiale.
Elle explique qu’il existe un seul métier d’éducateur qui se décline sous des formes professionnelles distinctes selon le secteur d’activité dans lequel il est exercé. Ainsi un éducateur d’internat en maison d’enfant et un éducateur en IME (Institut Médico-éducatif) peuvent témoigner de professions distinctes et se réclamer du même métier en considérant la démarche d’aide éducative qui les engage tous les deux.
A chaque fois qu’un éducateur change de secteur d’activité et s’engage auprès d’un public différent, il changent de profession et doit mobiliser des savoirs et des savoirs-faire spécifiques. Mais il exerce toujours le même métier à travers la permanence de la posture éducative qu’il déploie.
Lors de mon parcours professionnel, j’ai eu l’occasion de développer et mobiliser des compétences spécifiques auprès d’un public majoritairement adulte en situation de handicap et/ou avec des difficultés d’intégration sociale et professionnelle dans notre société.
Aujourd’hui, en tant qu’éducatrice spécialisée indépendante, mon secteur d’activité change ainsi que les personnes s’adressant à moi (profils variés), je choisi donc de mobiliser davantage de compétences et de continuer à les développer au travers de lectures et de formations diverses.
Lien vers l'article de Dominique Lepage : https://www.cairn.info/revue-empan-2017-2-page-18.htm
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